Vins et fromages

FONDATION JEUNES ET SOCIÉTÉ

Vins et fromages 28 octobre 2014

  Allocution de Marc Laurendeau, président d’honneur

Mesdames et messieurs, bonsoir et bienvenue. Nous sommes ici ce soir pour soutenir la Fondation Jeunes et Société, parce que son travail vise une plus grande justice sociale, amène des centaines de jeunes à s’ouvrir au monde et à se rapprocher étroitement des populations locales en leur portant assistance. Il s’agit d’un concept basé sur le partage, l’échange et la solidarité.

Je rappelle sommairement que la Fondation soutient l’organisme Mer et Monde qui a déjà envoyé plus de 2,000 stagiaires sur divers continents. Surtout des jeunes, vraisemblablement de futurs leaders. Mais aussi, selon une formule  plus récente, des personnes de plus de cinquante ans. Tous ces stagiaires ont travaillé avec des dizaines de petites ONG, au Honduras et au Sénégal.

Dans ces pays, ils ont contribué à l’alphabétisation, au soutien des enfants handicapés, à fournir des habiletés à des mères adolescentes, tout comme à transmettre divers programmes d’éducation et de formation en santé. Ces stagiaires aident les populations locales à se construire des institutions fiables, de meilleures infrastructures, à former leurs futurs dirigeants et à prévoir le développement durable : les stagiaires offrent là une façon plus juste d’envisager la mondialisation.

Une bonne nouvelles d’abord : Mer et Monde jouit désormais d’une assurance-responsabilité mondiale avec la Lloyds de Londres, protégeant employés, administrateurs, partenaires, stagiaires et bénévoles. Voilà une situation qui permettra d’agir sur le terrain dans un meilleur climat de sécurité.

Il nous faut revenir un instant sur le coup d’État de 2009 au Honduras, lequel confisquait par la force le pouvoir politique et les mécanismes démocratiques, au profit d’une petite élite locale possédante. Mer et Monde avait tenu bon et demeurait fidèle à ses partenaires locaux. Mais à cause d’épisodes de violence et même d’enlèvements touchant cette fois des ressortissants étrangers sur place,  Mer et monde n’a plus eu le choix. L’organisme a dû faire en 2013 des adieux déchirants et déménager au Nicaragua. Des stagiaires y ont été envoyés.

Nous voici confrontés à une année de grand défi. Depuis plus de 2 ans, le gouvernement canadien de Stephen Harper, obsédé par les réductions de dépenses, a effectué des coupes  draconiennes dans les programmes de coopération internationale.

Au Québec, le gouvernement Couillard est sur la même lancée. Depuis août dernier, l’on est avisé que les programmes d’insertion  en emploi ne pourront plus servir à financer des stages de jeunes travailleurs  à l’étranger. Pourtant, il avait été démontré que, pour des jeunes qui n’arrivaient pas à intégrer le marché du travail, un tel stage pouvait représenter une première expérience réussie et un renforcement de la confiance en soi.

L’organisme provincial Québec sans Frontières est forcé de comprimer les nombre de  stagiaires qu’il soutient de 40 à 24 Là-dessus, de justesse, Mer et Monde a sauvé trois stages.

Déjà l’an dernier, le budget avait été réduit de 350,000$. Plus largement, on ne sait pas avec une totale certitude si le ministère des Relations internationales survivra. L’été dernier, la ministre en poste, Mme Christine St-Pierre, tentait de dédramatiser une éventuelle transformation de son ministère en simple secrétariat.

Du côté du Sénégal, le fièvre Ebola a causé une panique dans nos institutions. Même si l’Organisation mondiale de la Santé ne considère pas le Sénégal en épidémie, nos collèges et universités refusent encore d’y laisser partir des stagiaires.

Autant dire que Mer et Monde, malgré la noblesse de sa cause devra se livrer à une réflexion. L’organisme va-t-il gérer sa décroissance? Va-t-il réduire son personnel?

En cette période où les gouvernements privilégient la logique comptable, pour des raisons qui renferment une bonne part d’idéologie, le monde de la coopération tombe dans la fragilité

Il est important que la Ferme Berthe-Rousseau, en Estrie, continue à servir de base arrière. On y forme les futurs stagiaires de Mer et Monde. Elle continue aussi d’accueillir, dans un environnement simple et convivial, les personnes fragilisées et en recherche de  leur équilibre personnel. Ces visiteurs participent à la vie collective de la Ferme, se ressourcent, reprennent pied, à l’abri du rythme affolant des grandes tours à bureaux et des pressions vers la consommation dans les grands centres commerciaux. On l’a souligné déjà : la ferme Berthe-Rousseau, c’est la porte de secours, l’antidote au suicide et  le lieu de résistance au capitalisme effréné.

J’ai assisté récemment au témoignage d’un ex-détenu sans famille, avec des habiletés sociales réduites, habitué au repli sur lui-même et à  une certaine misanthropie.  Une jeunesse vécue dans le rejet et des années de prison n’avaient guère aidé. Il déclarait que la vie sur la Ferme, ponctuée de travaux agricoles, l’aidait à trouver la bonne combinaison de solitude  et d’échange avec les autres. Voilà une excellente façon d’apprivoiser une réintégration sociale

Le Ferme Berthe-Rousseau, selon les dernières nouvelles, veut désormais être surtout à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin. Elle envisage d’en faire sa priorité, à la suite d’un prochain comité d’évaluation. De plus, le personnel dévoué commence à s’épuiser. La ferme a besoin de nouveaux collaborateurs et d’aide financière.

Une réflexion sur Mer et Monde et la Ferme Berthe-Rousseau, une sorte de Lac-à- l’Épaule, comme l’on disait à l’époque de la Révolution tranquille, aura lieu autour du 8 novembre.

Tout cela fait ressortir l’importance de votre présence ce soir. Au moment où les gouvernements laissent de plus en plus tomber la coopération internationale et la formation des jeunes à l’étranger, votre soutien devient extrêmement précieux pour des organismes qui croient encore à ces valeurs. Les dons que vous ferez indirectement ce soir seront utilisés à bon escient.

Merci d’être avec nous. Je vous souhaite de passer une excellente soirée. Bon appétit et amusez-vous bien!

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